Existential travel diary...
Ecris.
Laisse tes doigts courir sur le clavier. Ne réfléchis à rien, ni à ce que tu vas écrire, ni aux mots que tu vas utiliser, contente-toi d’écrire. Ecris ce qui te passe par la tête. Oui, je sais que c’est confus.
Ecris simplement. Tu veux écrire café, soleil ? Ecris ce que tu veux.
Soleil.
Cesse de te compartimenter. Sois une pour une fois. Si tes sentiments décident de sortir à ce moment là, laisse-les. Si ton cœur veut parler, donne lui la parole. Si tes pensées se bousculent à la sortie, ouvre-leur grand la porte. Tu vas finir par te rendre malade, crois-moi.
Tu te sens vide ? Détrompe-toi. Seuls des sentiments négatifs t’emplissent ? Encore une fois, ce n’est pas vrai. Et tu le saurais si tu prenais le temps de t’écouter, d’écouter.
Tu es mal à l’aise. Il suffit de te regarder, les yeux perdus dans le vide, le cerveau tournant à cent à l’heure, cette expression de douleur sourde mais bien là, tapie, qui transparaît sur ton visage. Tu ne peux pas parler ? Ecris ! Tu te fiches de savoir à qui, ne te préoccupe pas de ça.
Tiens, raconte ce que tes yeux voient. Des lettres ? Des touches de clavier qui s’enfoncent sous tes doigts, avec ce bruit si particulier ? Tu vois, non seulement tu as dit des images, mais aussi des sons, des sensations. Tu veux que je te dise un secret ?
Ces touches, en fait, ne sont pas des touches ordinaires. Chaque pression que tu exerces sur l’une d’entre elles inscrit un nouvel élément qui te permet petit à petit de compléter la combinaison magique. Bien sûr que si ! Continue, tu vas voir. La combinaison secrète est celle d’une porte. Une gigantesque porte ornée d’arabesque. Tape encore et encore sur ces touches, tu le fais très bien ! Bientôt tu verras cette porte s’ouvrir. L’ouverture sera précédée d’une petite mélodie. Tu sais ce que c’est ? Une musique jouée à partir de la partition que tu as composée, des notes que tu as écrite. Evidemment, la combinaison secrète ! C’est beau, n’est-ce pas ?
Ce qu’il y a derrière cette porte, seule toi peux le savoir. C’est différent d’une personne à l’autre, d’un état d’esprit à l’autre, d’une personnalité à l’autre. C’est ton jardin. A toi de me le décrire.
Des arbres dis-tu ? Oui, il y a souvent des arbres, de grands arbres au feuillage vert et touffu. Quel temps fait-il ? C’est la nuit ? Tiens, c’est curieux, c’est la première singularité de ton jardin. Comment peux-tu voir alors ? La lune, belle et ronde, et les étoiles, scintillantes, je m’en doutais. Et des bougies aussi ? Ta combinaison devait inclure un programme spécial s’il y en a autant que tu ne le dis ! En tout cas, ça doit être magnifique. Allez, ne t’arrête pas !
Tu peux voir des rideaux de fleurs de toutes les couleurs tomber des branches d’arbres. L’herbe, y a-t-il de l’herbe ? Un doux tapis d’herbe tendre. Tu te sens chez toi. Tu entends le bruit de l'eau, au loin. Que vas-tu faire ? Oui, j’imagine que tu as envie d’aller plus loin, de tout découvrir. Mais veux-tu que je te donne un conseil ?
Laisses-en pour la prochaine fois, laisses une part de mystère dans ton jardin, il ne se perdra pas, tu auras toujours la combinaison. Toujours. Souviens-toi juste qu’il est là, pour toi.