Existential travel diary...

Chapitre V

29/08/2009 00:47

17 mai

                                   Yazid,

                     Je suis bien arrivée. Si tu savais comme c’est bon. Je suis à Jaffa, assise sur le balcon de ma chambre d’hôtel, et de là où je suis, je peux apercevoir la mer, notre mer. Jamais personne ne pourra venir nous empêcher d’avoir cette bouffée d’amour qui nous envahit à la vue de cette Terre, jamais. C’est la première fois que je foule ce sol, et pourtant je sens que j’y appartiens.

                    Je ne reste en ville que pour la nuit, je me rendrai à Ramleh après-demain matin, puis à El Khalil, et de là je rejoindrai en voiture la maison de Mema. Je peux déjà te donner son adresse, ils n’ont pas le téléphone dans cette partie du pays, et puis, le téléphone c’est trop dangereux, je ne tiens pas à éveiller les soupçons. Tu pourras envoyer ta lettre au 13, rue des Oliviers, El Batel, je te communiquerai une autre adresse dans ma prochaine lettre.

                    J’espère que tu ne m’en veux pas, il faut que tu saches que c’est vraiment important, c’est peut-être peine perdue, dérisoire, mais à force de se dire « ça ne servirait à rien », ne cautionne-t-on pas? Non, je refuse de fermer les yeux. Et toi, toi tu seras mes yeux, mes oreilles, ma bouche, mes mains et mon cœur, tu montreras aux gens ce que je vois, et tu leur diras les mots d’ici, je ne pourrai le faire sans toi.

                    Mon trésor, je pense fort à toi,

                    Manar


 

    France, le 19 mai

    Les lignes courbes de ses lettres ne m’ont jamais parues aussi belles. Je sors une grande carte du pays et l’étend sur la table. C’est un véritable trésor, une carte manuscrite, dont les couleurs mielleuses indiquent les reliefs. Mon grand-père l’avait tracée lorsqu’il avait entrepris le tour de la Palestine. Il disait qu’il voulait pouvoir, en un regard, se souvenir des routes et chemins qu’il avait foulés, des montagnes et des rivières qu’il avait vues, de chaque petit village qu’il avait visité. Il voulait pouvoir garder près de lui sa patrie, alors qu’on l’en avait chassé.

    Je repère Jaffa sur la carte. A l’heure qu’il est, elle doit être sur la route, près de Ramleh. Je suis du doigt son trajet jusqu’à El Batel. Une grande partie de sa famille paternelle se trouve là-bas. Ils ont refusé de laisser leur Terre, quitte à vivre dans la peur d’un déplacement de masse, d’une réquisition injuste, d’un emprisonnement arbitraire, d’une balle « perdue ».

    Mon grand-père lui vint en France à l’âge de trente ans. Il épousa une française, et eut avec elle deux enfants ; mon père, et ma tante. Il semblait avoir retrouvé un peu goût à la vie, mais lorsque mon père eut dix ans, ma grand-mère mourut d’une méningite. Ne trouvant plus quoi le retenir en France, il prit ses enfants et rentra en Palestine. Ils y restèrent quinze ans ; mes parents se rencontrèrent durant le mariage de ma tante, et se marièrent à leur tour. Dix mois plus tard, j’apparaissais. Mon père me raconta un jour que quelques heures après ma naissance, on me déposa dans les bras de mon grand-père, très affaibli. On me dit qu’il me regarda quelques minutes en souriant, puis me déposa un baiser sur le front. Quelques instants plus tard, il fermait les yeux pour toujours. Mes parents rassemblèrent alors leurs affaires et quittèrent leur maison. Depuis, ils ne sont jamais retournés en Palestine.

    Je me sens tellement fier, malgré l’angoisse et la peur, tellement fier d’elle. J’approche la lettre de mon visage et ferme les yeux. Elle a son parfum. Le parfum de ses mains, le parfum de la mer, ce parfum que mon père sentait dans la carte de mon grand-père. Trois petits coups se font entendre à la porte de la pièce. Manouche passe la tête dans l’encadrement.

    -                 Je peux entrer ?

    J’acquiesce d’un hochement de tête et repose la lettre. Elle s’approche de moi et passe ses bras autour de mon cou.

    -                 Quoi qu’il arrive, sache qu’elle a pris la bonne décision.

    -                 Oui, je sais.

    -                 Et nous on sera là pour l’aider, pour vous aider tous les deux.

    Je prends ses mains dans les miennes et repose ma tête sur son bras.

    -                 Ça ne doit pas se savoir, lui dis-je alors. Personne ne doit savoir qu’elle est là-bas, sinon ils la chercheront, et ils la trouveront.

    Je reste silencieux quelques minutes. Je dois réfléchir à quoi faire. Elle compte sur moi.

    -                 Elle va faire le tour du pays. Elle n’utilisera ni internet, ni le téléphone, de toute façon, je doute que là où elle va, elle puisse trouver ce genre de moyens de communication. Il faut faire notre part du boulot maintenant, et Internet va nous être d’un grand secours.

    -                 A quoi penses-tu ?

    -                 Un journal.

    Oui, c’est ça, c’est ce que nous allons faire. Nous serons ses yeux, ses oreilles, sa bouche, et ses mots seront les nôtres.

    Je me lève et accroche la carte sur le mur de notre bureau.

                    Il est temps de préparer ça.

Tamponnez votre passeport... :)

Date: 05/09/2009

Par: hamid boss

Sujet: la suite...

bah alors imane... on veut la suite nous ... )

Date: 02/09/2009

Par: hamid boss

Sujet: manar

loooool, c'est vrai que c'est la choses la plus importante... comme quoi... ça arrive; ça aura au moins l'avantage de me faire rire. Mais l'aventure n'est ce pas aussi cela ? faite de rebondissements et de surprises...

Date: 02/09/2009

Par: Imane

Sujet: Re: manar

Lol!! j'essaierai de faire en sorte que Manar soit moins étourdie que moi, ça pourrait lui servir! XD ravie que les rebondissements te plaisent, on va dire que c'était calculé...^^

Date: 31/08/2009

Par: hamid boss

Sujet: yazid

Cela s'éclaircit de plus en plus,et en même temps reste mystérieux:j'ai hâte de voir la suite. )

Date: 01/09/2009

Par: Imane

Sujet: Re: yazid

Le mieux c'est de commencer par lire la lettre que j'ai oublié de publier (oui je sais... -_-") lol

En tout cas, merci pour tes commentaires!!!

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