Existential travel diary...

Chapitre IV

15/08/2009 22:56

    Palestine, le 17 mai

    Je n'ai pas grand chose. Seulement quelques adresses griffonnées sur un bout de papier, des noms, des photos. Au loin, alors que le vent marin caresse doucement mon visage, j'aperçois les monts qui se découpent dans le ciel bleu. Mon cœur se serre alors que peu à peu je m'approche de ma Terre. Je sens naître cette irrépressible envie de fondre en larmes, sans raison apparente. Je ferme les yeux et essaie de mettre de l'ordre dans mes pensées. Je ne sais même pas par où commencer. Il y a tellement de choses à faire, à réparer, qu'une vie ne suffirait pas.

    Le petit garçon de la femme de la salle d'attente s'approche de moi et suis mon regard. Il reste silencieux un moment, semblant s'imprégner de toute l'émotion de cet instant.

    -               D'où viens-tu? Me demande-t-il.

    -               D'un petit village en France, et toi?

    -               J'étais chez mon oncle, à Marseille. Je retourne chez moi.

    Ses yeux se voilent d'une lueur particulière, comme un mélange de mélancolie, de douleur et d'amour.

    -               Où vis-tu?

    Il m'indique, d'un mouvement de la tête, la côte au loin. Nous nous remettons à contempler cette patrie qui s'ouvre à nous.

    -               Pourquoi as-tu quitté ton village? Tu n'as pas de famille?

    -               Si, je suis mariée, presque toute ma famille vit en France. Mais j'ai besoin de venir à l'endroit où mes parents ont grandi, peut-être même que je retrouverai des cousins, des tantes, des oncles.

    -               Tu n'es jamais venue.

    Cette phrase, qui n'était pas une question, m'intrigue au plus au point.

    -               Comment le sais-tu?

    -               Personne ne voudrait revenir ici... me répond-il simplement.

    Le port apparaît plus distinctement, avec sa succession de postes de contrôle bourrés de soldats. L'air n'a plus la même odeur. Tout prend une autre dimension. Les passagers se bousculent pour sortir du ferry le plus rapidement possible afin de passer les postes de contrôle sans attendre.

    On a le droit à une nouvelle séance de fouille, étrangement moins rigoureuse. Je me demande un instant ce que font tous ces soldats sur ma Terre. Ils ne sont même pas chez eux, ce n'est même pas à la frontière de leur Etat, et pourtant ils sont là. J'ai alors repensé à ces reportages télévisés, où leurs grands dirigeants disaient avec le plus grand dévouement qu'ils avaient le devoir de barrer la route aux terroristes, de disséminer les tueurs d'enfants et égorgeurs de femmes. Ils étaient là pour protéger les civils des massacres.

                À peine sortie du port, je prends un taxi et demande qu'on me dépose à Jaffa, la ville palestinienne juste à côté. Là, je trouve l'hôtel dans lequel j'ai réservé une chambre et monte mes affaires. Terrassée par la fatigue accumulée durant ces deux jours et demi de croisière, je m'allonge sur le lit et pense déjà à la lettre que je vais écrire à Yazid. J'espère qu'il va bien, et qu'il ne m'en veut pas. J'aurais tellement aimé qu'il soit près de moi, qu'il me prenne dans ses bras, comme dans ces moments où la force me quitte et le désespoir m'étrangle. Mais je dois être seule. Ce voyage est le mien.

Tamponnez votre passeport... :)

Date: 30/08/2009

Par: Fairouze

Sujet: petite escale

Trés courageuse cette femme!
C'est vraiment écrit, d'ailleurs j'y vais il faut que je finisse le voyage...

Date: 30/08/2009

Par: Fairouze

Sujet: Re: petite escale

J'ai oublié un mot dans mon message je voulais c'est vraiment BIEN écrit mash'allah !

Date: 01/09/2009

Par: Imane

Sujet: Re: Re: petite escale

Lol! Merci amie^^ prends soin de toi, et bon voyage ;)

Rechercher dans le site