Existential travel diary...

Chapitre III

13/08/2009 20:54

    France, le 15 mai

    La ville se réveille. On entend les mobylettes, les voitures et les commerçants envahir les rues, et la place du marché, juste devant la porte de la maison. Je n'ose pas sortir. Je ne veux rater aucune lettre. Je sors sur le balcon, encore en pyjama, et regarde toutes ces personnes s'activer, comme si de rien n'était. J'ai tellement envie de leur hurler à tous que Manar est partie, et que rien ne sera plus jamais comme avant.

    La fille de la voisine d'en face, Julie, me reluque derrière le linge qu'elle suspend sur le séchoir, un sourire qui se veut timide au bord des lèvres. C'est ridicule. Tout cela est ridicule! J'ai l'impression d'être face à une caricature de la vie. Il faut que je fasse quelque chose, sinon je vais exploser.

    Je sors de la maison sans prendre la peine de mettre quelque chose de convenable, de me raser, et me mets à errer dans les ruelles. On me salue, on me tape sur l'épaule, le visage souriant, on plaisante. Chacun a son rôle. Manar, jusqu'à quand pourrai-je tenir le mien?

    Mes pas m'ont conduit sur la terrasse du café de Manouche. Des visages familiers apparaissent, sans que je puisse les reconnaître. Mon beau-frère me fait signe de la main, derrière son comptoir. J'entre et me dirige vers lui.

    -               Salam alayk Yazid! Comment vas-tu ce matin?

    -               Ça peut aller, mens-je en me passant une main sur le visage.

    -               T'as pas encore pris de café toi, je te sers ça tout de suite!

    Je regarde cet homme plein d'énergie et me sens encore plus vidé. Il doit avoir mon âge. Manouche et lui se sont mariés deux ans avant nous. Une petite moustache noire renforce son air jovial et son tempérament chaleureux. Je le vois s'activer autour de la machine à café un moment avant de se retourner vers moi, une tasse à la main, qu'il pose devant moi.

    -               Et Manar? demande-t-il en me tendant le sucre, à ce que raconte la Julie ça parlait fort chez vous hier soir!

    -               Laisse mon frère tranquille, cette Julie a une langue de vipère!

    Manouche apparaît derrière lui, souriante, radieuse, et se penche vers moi pour m'embrasser.

    -               Ceci dit, t'as pas l'air dans ton assiette! Lance-t-elle. T'es sûr que ça va?

    J'acquiesce en buvant mon café d'une traite. En reposant la tasse sur le comptoir, je sens une boule remonter dangereusement vite le long de ma gorge et mon estomac se soulever. Je mets une main sur ma bouche et me dirige précipitamment vers les toilettes pour laisser un liquide noirâtre se répandre dans le lavabo immaculé. Je sens ma tête tourner et ma vue se brouiller. Je me cramponne au lavabo mais ne peux empêcher mon corps de s'affaler sur le sol, contre le mur.

    Manouche apparaît dans l'encadrement de la porte et se précipite vers moi.

    -               Mounir! Va chercher de l'eau, vite!

    Son mari s'exécute. Elle se penche sur mon visage et m'examine.

    -               Qu'est-ce qu'il s'est passé Yazid ? Tu as mal quelque part, dis moi?

    Je n'arrive à articuler aucun mot, aucun son ne veut naître dans ma gorge. Je me contente de la regarder, les yeux vides. Elle prend mon visage plus fermement entre ses mains et plante son regard dans le mien.

    -               Yazid, tu ne peux pas rester muet comme ça; où est Manar? Que s'est-il passé, répond!

    Lorsqu'elle prononce son nom, je sens les larmes envahir mes yeux, mon cœur prêt à exploser.

    -               Répond!

    -               Elle est partie! Finis-je par crier. Elle est partie, elle a traversé la frontière, elle l'a fait!

    Je m'effondre en sanglots et Manouche me regarde un instant, immobile, bouche bée, puis me sert contre elle. Je me laisse aller, je laisse sortir tout ce qui menaçait de me détruire de l'intérieur en un flot de paroles ininterrompu.

    -               J'aurais dû le voir arriver, elle n'arrêtait pas d'en parler, je n'ai pas su la retenir Amina, tu te rends compte? Elle ne reviendra peut-être plus jamais!

    Mounir revient un verre d'eau à la main, pour faire instantanément demi-tour en me voyant en larmes, étalé sur le carrelage des toilettes de son café. Le monde n'existe plus. Tout a volé en éclats. Il n'y a rien de plus que des débris que je ne saurais rassembler tant que Manar sera là bas. Ma sœur me sert un peu plus fort contre elle, en passant une main dans mes cheveux, alors que je sanglote lamentablement comme un enfant.

    -               Tu vas venir à la maison, rester un peu avec nous. Ça va aller, tu verras.

    Ça va aller. Comment?

Tamponnez votre passeport... :)

Date: 15/08/2009

Par: Asmaa

Sujet: vilaine !!!

Pfff à sa place je demande le divorce direct, c'est quoi cette femme indigne abandonneuse ? et s'il avait fait une crise cardiaque en découvrant sa lettre, HEIN?? S'IL AVAIT FAIT UNE CRISE CARDIAQUE T'AURAIS FAIT QUOI MANAR ? ET QU'EST-CE T'EN SAIS PEUT ETRE QU'IL L'A FAITE LA CRISE CARDIAQUE, PEUT ETRE QU'IL EST A L'HOPITAL EN CE MOMENT MEME ENTRE LA VIE ET LA MORT TU PEUX PAS SAVOIR ET JE TE DIRAI PAS NA !

Date: 15/08/2009

Par: Imane

Sujet: Re: vilaine !!!

Écoute-moi bien, je parle au nom de cette pauvre femme que tu accuses à tort là >< si elle est partie, c'est pour une bonne raison, et puis le Yazid, c'est un homme, il s'en remettra très vite t'en fais pas, parce que justement, il sait que c'est pour une bonne raison v_v

Date: 14/08/2009

Par: Ahmed

Sujet: dignité

Yazid, resaisis-toi voyons !

Date: 14/08/2009

Par: Imane

Sujet: Re: dignité

Le pauvre, mets-toi à sa place v_v lol

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